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JEAN AFANASSIEF, premier français sur le Toit du Monde.

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Cette année on fête le 50e anniversaire de la première ascension de l'Everest. J'avais très exactement 3 mois et 12 jours quand ça s'est passé. C'était quand même un sacré événement de savoir que des hommes pouvaient atteindre une telle altitude, 8848 m (à l'époque !) * ! Presque aussi important que les premiers pas sur la Lune. Mes parents, près de mon berceau, ont sûrement fait leurs petits commentaires sur l'exploit de Edmund Hillary et de Tenzing Norgay ce 29 mai 1953. Et ça m'a peut-être conditionné parce que25 ans plus tard, j'y étais moi aussi avec 3 copains Incroyable la vie, non ?

Ce jour du 15 octobre 1978 reste gravé dans ma mémoire. On a eu la chance de pouvoir rester une heure et demie au sommet, c'est énorme. On avait l'impression de flotter sur la Terre, dans le silence et la lumière. Je criais, "c'est le pied, c'est le pied sur le Toit du Monde !" Après tu es un peu chamboulé ! Moi, ça m'a donné un appétit de découverte énorme. Grâce à cet Everest, j'ai eu des sponsors qui m'ont permis de continuer à voyager et explorer "pour moi" en même temps que j'exerçais mon métier de guide. Parallèlement j'ai appris à me servir d'une caméra et j'ai fait des films d'expé. Au bout d'un moment, la montagne ne m'a plus suffit. Aujourd'hui je suis réalisateur de documentaires* et je voyage beaucoup pour faire des films sur l'aventure humaine, les sciences, l'environnement ou la découverte de régions méconnues. Je rencontre des gens passionnants et tu sais quoi ? Certaines rencontres sont si incroyables qu'elles me font palpiter autant qu'une grande première !

*Après avoir été rabaissé à 8846 m en 92, sa nouvelle altitude serait de 8850 m selon les dernières mesures américaines.

 

Comment un Parisien est-il devenu le premier Français à l'Everest ?
En écrivant une jolie lettre !

Explique
Je connaissais Pierre Mazeaud, le chef de l'expédition française à l'Everest. Je lui ai écrit, et en post-scriptum, j'ai ajouté : si tu as un strapontin pour moi à l'Everest, je suis partant. J'avais jamais mis les pieds en Himalaya, l'Everest me semblait une montagne irréelle mais ça a marché !

D'accord, mais comment es-tu devenu alpiniste ?
Mes parents nous emmenaient souvent en balade en forêt de Fontainebleau. Je passais mon temps à grimper sur les rochers. Comme j'étais du genre intrépide et indiscipliné, quand j'ai eu 14 ans, on m'a inscrit au Club alpin français de Paris, section varappe cadet. L'objectif était de canaliser mon énergie.

Ca a marché ?
Pas mal au début. Chaque vendredi soir, j'allais dormir chez ma grand-mère qui habitait près de la gare de Lyon, le matin je retrouvais le groupe, on prenait le train jusqu'à Bois le Roi, on marchait 5 à 10 km pour atteindre les rochers. Je m'éclatais. Mais je me suis vite fait virer.

Pourquoi ?
Lors de la première sortie en falaise, en Normandie, alors qu'il fallait suivre les consignes en restant encordé, évidemment, moi, j'ai attaqué en solo. Les responsables m'ont trouvé difficile à surveiller. J'étais dangereux, ils ne voulaient pas prendre de risque avec moi. Donc fini. Heureusement, je m'étais fait des potes, et j'ai continué plus que jamais à partir grimper, par tous les moyens.

Tu avais quel âge ?
15 ans, comme j'étais disons plutôt doué, j'ai été admis au sein d'un groupe de grimpeurs plus vieux. Ils avaient des voitures, on partait dans les Alpes. On rentrait crevés le dimanche soir à Paris ! .

Tu voulais déjà devenir guide ?
A cette époque, l'escalade conduisait forcément à l'alpinisme, alors on a très vite fait des sommets en Oisans et on s'est rapproché du Mont-Blanc. J'ai découvert Chamonix à 17 ans et j'ai arrêté mes études en Terminale pour m'y installer. Je vivais de petits boulots les jours de mauvais temps (travaux de peinture, plâtrier etc.) qui m'ont permis de faire le stage d'aspirant guide.

Tu as du rencontrer tes idoles ?
Oui, c'est sûr, je me suis fait remarquer. J'ai fait mes premières courses en solitaire à 18 ans et c'est vrai qu'il y avait très peu de jeunes citadins en haute montagne. Gaston Rébuffat disait que j'étais l'étoile filante de la montagne. En fait, je ne sais pas très bien ce que ça voulait dire. Etoile d'accord, mais filante. Heureusement je vivais chez des chamoniards et je me suis intégré peu à peu. J'avais quelques copains à la Compagnie des Guides

Tu devais rêver d'entrer dans cette institution ?
Bien sûr, ça représentait tout. Je suis devenu guide à 20 ans et j'ai proposé ma candidature. Mais au même moment d'autres copains guides un peu intellos et révolutionnaires m'ont proposé de créer une sorte d'autre compagnie, moins traditionnelle. J'ai suivi mes copains et on a fondé l'Association indépendante des guides du Mont-Blanc. mais bien sûr, il y a eu une sorte de guéguerre de concurrence qui ne m'intéressait pas. Finalement, il y a un peu plus de dix ans, j'ai été admis à la Compagnie des Guides.

Que représente la montagne pour toi aujourd'hui ?
Un milieu extra - ordinaire. Mais je me détourne de son côté extrême. Aujourd'hui j'aime la pratiquer facile. La montagne simple, sans ses dangers, ça me plaît beaucoup.

AFA Globe trotter
Entre les repérages et les tournages, il ne cesse de faire le tour du monde. Des volcans du Kamchatka à l'Antarctique en passant par l'Himalaya et les rocheuses, il a tourné une cinquantaine de documentaires pour la télé, sur toute sorte de sujets. Son dernier film sur le sur le sous-marin Koursk a reçu le grand prix international du film maritime ! Un comble pour un alpiniste ! Parmi ses destination favorites, la Russie. Jean Afanassief, comme son nom l'indique est d'origine russe. "Je parle russe et ce pays regorge de sujets passionnants pour un réalisateur".