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Ascension et descente en telemark du Pic de Lenin (7134 m - Pamir)
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A la frontiere entre Kirghizistan et Tadjikistan se trouve le Pic de Lenin
7134 de haut. Sa paroi Nord represente un desir, un defi et une tentation a
la fois, une melodie. Je l'ai vue en aout 2000 quand il m'a fallu abandonner
et descendre de 6700 m. Ca n'allait plus mais j'ai gardé un souvenir du
Kirghizistan, du Pic de Lenin et sa formidable paroi Nord qui ne demande qu'a etre skier.
J'avais envie d'essayer de nouveau et skier cette face Nord.
Le 27 juillet 2001 mon reve de second essai est devenue une realitee. Les
membres de Telemark Club Slovakia ont organise une expedition slovaque sous
le nom PAMIR 2001. Les membres de l'expedition sont Peter Kollar, Evka
Zilinska, Ludovit Lapunik, Jozef Zitniak, Juraj Kakody et Stefan Toth. Le
but de l'expedition est le Pic Lenin dans le PAMIR Nord.
On quitte la Slovaquie
par l'avion direction Moscou - Bishkek - Osh. Le voyage serait un sujet a lui seul
pour un autre article, heureusement le 28 juillet au soir nous sommes
loges a Osh, on boit de la biere et on prepare eplacement dans le CB
(Base Camp). Apres un voyage de neuf heures avec une voiture
russe tout terrain, tremblant et fatigues nous sommes montes a 3880 m a Lukova Polana
ou se trouve CB. On commence. Maintenant nous n'avons que nos bagages, un
rechaud bourdonne, les casseroles sales, la tente toujours en desordre, notre
odeur et sa majestee : Le Pic de Lenin.
Les locaux avec leurs
chevaux et anes nous aident a deplacer nos bagages au Camp 1, cet annee il
est plus haut. l'altimetre nous montre 4300m. On monte le camp juste a cote de nos amis
tcheques avec lequelles on organise ce sejour au Kirghizistan. Nous avons
remarque les premieres traces du mal des montagnes. Ludvik tousse comme
une vieille casserole et je decide a cheval et avec les dernieres pincees
de force de descendre au BC. Apres quatres jours il va mieux et on remonte
avec Evka au C1. Notre idee
originale de traverser les roches de Lipkine est devenue obsolete. Les Tcheques
ont decide de monter directement par la paroi Nord, les notres ont pris la
voie 'normale' a travers Pic Rozdelnaya. Apres une discussion d'une heure
et prennant en compte notre objectif de skier la face Nord nous decidons de nous
joindre au groupe montant la paroi Nord. Le jour suivant on fait nos
bagages, on les prend et on monte vers le C2 dans la paroi Nord.
La route autour des crevasses est difficile et C2 est toujours trop loin
de nous. En meme temps, Juraj avec Stefan se concentrent dans C3 sur la
montee vers le sommet par la route traditionelle. En ce moment-la ils ne
pensent pas y passer 4 jours. Apres 8 heures nous sommes fatigues mais au C2.
L'expedition tcheque y a fait un bon camp, la vue sur la valee est
excellente. Confortable, si on peut utiliser ce mot a une hauteur de 5450m.
Le soleil descend lentement, les ombres s'alongent, la paroi et les
montagnes autour prennent une veritable couleur orangee du soir. L'air froid
pique le nez et le calme profond est interrompu par notre rechaud. Une
ambiance qui m'incite a venir dans les montagnes.
Le jour suivant on descend dans C1 prendre des skis et le matin on remonte
vers C2 avec les Tcheques. Ils se sont reposes apres leur attaque au sommet,
quand ils sont montes jusqu'a 6600-6700m mais ils ont du renoncer a cause
de la temperature trop froide. On prepare ensemble notre attaque au sommet.
Le deplacement du C2 au C3 est l'un des plus penibles. La paroi est raide, des
champs glaciers alternent avec des champs de neige bien caches au-dessous d'une
coquille de glace. En meme temps les garcons de C3 sur la route
traditionelle finissent l'acension. 10 heures apres le depart ils sont
au sommet. Apres le retour ils rencontrent Jozko et Ludvik. Tous les deux
ils sont montes de C2. Ils ont laisse leur tente au C2 alors Ludvik creuse
une grotte dans le neige. Finalement ils se serrent tous dans une tente. La
grotte sert de toillete et tout le monde l'utilise.
11.8. La nuit venteuse, le matin froid. Apres une periode infinie pendant
laquel on a fait fondre le neige et on boit beaucoup, nous commencons a
monter vers la derniere partie de la paroi nord. Le C3 est 6080m haut, il
y a encore 1054m de haut devant nous. Il fait froid mais il fait beau.
Dix, quinze pas, un petit repos et une foule de teintes. Et cela
se repete infinitivement. J'arrete mille fois et mille fois je me convaincs
de continuer. Quand nous atteignons une crete du sommet, le but est
tout pres. Deux parmi nous ne peuvent plus continuer. Encore une heure et
nous sommes 5 au sommet. Un sentiment de victoire ? La victoire sur quoi
? Peut-etre sur moi-meme. Nous sommes sur le toit du monde. Je vois au
loin Ludvik, il descend par la route traditionelle vers C3. Il y a
une demi heure il etait la ou nous sommes. le GPS montre exactement
7134m. Quelques photos et on commence a descendre. Faire du ski a 7000m
est tres difficile. Les virages de telemark font mal aux cuisses et
aux poumons. Souvent il est tres difficile de tenir la technique.
L'image que l'on offre doit etre comique. Nous sommes 5 descendant en ski et
2 descendant a pied.
Enfin, nous sommes a C3, l'un fait la cuisine,
l'autre se repose dans la tente, au chaud dans le sac de couchage
je revis cette journee. Le deuxieme essai a apporte le succes. La retour au C1 se
passe sans problemes. En route nous rencontrons les membres de notre expedition, ils ferment le C2.
Nous les aidons et ensuite nous continuons a descendre.
C1. Enfin. On embrasse nos amies et nous sommes contents d'etre la. On se
debarrase des bagages, on boit, on mange et on boit de nouveau et beaucoup.
La derniere vue sur Lenin dans le soleil descendant, cela vaut la peine.
De temps en temps je vois comme dans un film ralenti les images de
montagne. Les images de la fatigue, de la monotonnie de la montee, des
nuages flous accroches sur le Pamir, une flamme de rechaud, le son de carre
en acier dans les virages? Ce film ne peut mettre en scene que Lenin. Et
nous l'avons vu.
Peter Kollar
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