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Tomas Olsson - Le Cho Oyu à ski (suite de l'interview). (12/02/05)

alpinisme.com : Et le réveil ?

Après quatre heures de sommeil, je jète un il à l'extérieur de la tente : surprise, il fait beau.


alpinisme.com : Que décides-tu ?

Je reprends l'ascension après avoir fait fondre suffisamment de neige pour me réhydrater.


alpinisme.com : Ton ascension est vraiment très solitaire, tu n'as rencontré personne durant l'ascension ?

Vers 7 000m., je rencontre un groupe de Norvégiens qui m'accueille dans leur tente pour la nuit car je n'ai pas de tente.


alpinisme.com : Comment se passe la journée suivante ?

A quatre heures, je m'engouffre dans un matin glacial, le froid me contraint à être continuellement en mouvement, un mouvement que je maintiens jusqu'à 7 500m. où je retrouve le camp laissé quelques jours plus tôt.


alpinisme.com : Comment as-tu "géré" cette très basse température ?

Je m'arrête dans la tente, en particulier pour me masser les pieds qui s'engourdissent sérieusement sous l'effet du froid. Il me faut 20 mns pour "réanimer" mes orteils.


alpinisme.com : Et après cela ?

Je reprends la route, je retrouve le froid glacial jusqu'au plateau sommital.


alpinisme.com : Comment vis-tu cette dernière étape ?

A ce moment que je bascule dans l'altitude mythique de plus de 8 000m., mais aussi dans le soleil.


alpinisme.com : Quelle impression gardes-tu de l'arrivée au sommet

Cette dernière heure d'ascension s'avère bien plus agréable que ce qui a précédé : le soleil, la pente douce, le magnifique panorama qui dévoile le versant Nord de l'Everest, puis le sommet que je rejoins dans une totale solitude sont autant de cadeaux reçus après bien des péripéties.


alpinisme.com : Et la descente à ski ?

Les 20 centimètres de neige fraîche qui recouvrent le plateau sommital sont l'ultime cadeau du Cho Oyu et les conditions pour commencer ma descente à ski tranchent véritablement avec l'inconfort que j'ai connu à la montée.


alpinisme.com : Le ski à plus de 8 000 mètres est-il un gros effort ?

La mise en jambe est plaisante dans le sommet du Cho Oyu, facile, réservant les passages plus compliqués et plus délicats pour la suite.


alpinisme.com : La descente est plus délicate après ?

Plus bas, la pente s'accentue, passant parfois des sections à 45°, les conditions de neige se complexifient, chaque virage nécessite la plus grande attention car c'était difficile de prévoir ce qui m'attendait au virage suivant.


alpinisme.com : Pourquoi as-tu fait le choix du 8 000 mètres sans oxygène ?

Le prix !! J'ai pas beaucoup de sous !! Il y a vraiment une question très importante de moyens dans l'utilisation de l'oxygène, si tu utilises de l'oxygène, ça implique généralement que des porteurs vont l'acheminer pour toi, ce qui implique à son tour que ces porteurs, il faut les nourrir et les loger, ce qui implique encore d'autres tentes, d'autres vivres, d'autres campsBref, ça devient une logistique vraiment lourde pour toute l'ascension et vous vous prenez la tête pour que toute cette organisation fonctionne correctement.


alpinisme.com : Tu invoques des raisons pratiques mais n'y a t'il pas des raisons plus liées au style ?

C'est aussi très éloigné de mes propres goûts et de ce que j'attends d'une expé.


alpinisme.com : Quelles sont ces attentes ?

Pour moi, l'essentiel se situe dans mon face à face avec la montagne, c'est intime, j'aime me confronter à mes limites et à mes points forts, plus la relation est directe, plus les sensations sont pures. A l'inverse, plus il y a de matos et de monde, plus cette relation est, en quelque sorte polluée.


alpinisme.com : Est-ce que ce premier 8 000 à ski et sans oxygène t'as donné le goût d'en faire d'autres ?

Oui, j'ai envie de poursuivre l'aventure sur différents sommets de plus de 8 000 mètres. Je projète d'aller en face Nord de l'Everest au printemps 2006.


alpinisme.com : Alors, bonne chance pour ce nouveau projet et merci pour le récit de cette aventure.


Interview Réalisé par Viviane Seigneur