les Drus l'Everest les seven summits les quatorze 8000 les trekking peaks Frison Roche Bonatti  




1945 - 21 et 22 juillet ---------- Ouverture de la variante Martinetti
Felix Martinetti et Gilbert Ravanel


La face nord a été gravie pour la première fois voilà une dizaine d'années maintenant. L'entre-deux-guerres a été propice aux tentatives et les prétendants à la victoire ont été nombreux. Tout naturellement, les alpinistes visent la Niche, estimant qu'à cet endroit-là, puisque la neige "tient", la pente s'adoucit un tant soit peu et que l'escalade est peut-être possible. La réussite revient finalement, le 1er août 1935, à deux "Bleausards", Pierre Allain et Raymond Leininger qui partent sans crampons ni grosses chaussures équipés de 60 mètres de corde, d'un piolet, deux marteaux-piolets, des pitons, des mousquetons et des espadrilles d'escalade !

Dix ans plus tard, la guerre enfin terminée, cette grande voie n'a été gravie que cinq fois. Félix Martinetti est professeur à l'Ecole Nationale d'Alpinisme, basée aux Praz. Gilbert Ravanel, son compagnon, est un jeune guide du pays, passionné de montagne. L'aventure de cette sixième répétition les tente, d'autant plus que l'itinéraire comporte, à l'époque, un des rares passages en montagne coté 6 sur l'échelle de Welzenbach nouvellement inventée. Ils parviennent au sommet le 22 juillet 1945 en 8 heures 30 avec un bibvouac, réussissantmême à trouver une variante à la fameuse "fissure Allain" si difficile : la "fissure Martinetti" plus à droite et moins difficile.

les Drus

Bien sûr, l'après-guerre a apporté de nouvelles méthodes, de nouveaux matériaux permettant de faire encore mieux, toujours plus difficile. Pourtant, la face ouest demeure invaincue, malgré de nombreuses tentatives, comme celles de James Couttet ou de Gaston Rébuffat en 1947. On ne s'en étonne guère quant on se souvient des mots de Pierre Allain lui-même, la décrivant comme d'une "verticalité rigoureuse, seulement coupée de temps à autre par d'énormes surplombs. D'immenses dalles en protogyne présentent, sur cinquante ou cent mètres, une surface lisse et sans défaut, prototype-même de l'impossible. L'alpinisme ici perd ses droits, seuls des échelons scellés ou quelque autre procédé du même genre en pourraient venir à bout ; ce ne serait plus de l'alpinisme mais un travail en montagne. Sur ce plan, tout est réalisable, même un chemin de fer intérieur à rampe hélicoïdale."