Le 25 juin 1991, elle est au pied de la voie avec tout son matériel
: environ 80 kilos de cordes, pitons, treuil, nourriture pour 10 jours,
coinceurs, tamponnoir, réchaud, vêtements... Ses amis repartis,
la voilà seule face à la montagne. Ce premier jour, elle ouvre
une centaine de mètres, utilisant un système d'auto-assurance
mis au point par les Américains : le "soloist", un appareil
que l'on fixe au relais et qui laisse la corde se dévider régulièrement,
ne se bloquant qu'en cas de chute.
L'ascension se poursuit, jour après jour, et si Catherine Destivelle
utilise les techniques propres à l'ascension des grands murs américains,
elle n'en subit pas moins les rigueurs des Alpes : le froid, l'altitude,
la dureté de la roche constituent une épreuve supplémentaire
et viennent affaiblir l'organisme. Ses doigts, notamment, souffrent de tous
ces traumatismes.
Pendant 11 jours, les difficultés vont succéder aux difficultés
: escalade artificielle soutenue et physique, bivouacs suspendus, orages,
chutes - heureusement sans gravité - , matériel brisé...
Des heures et des heures durant, la grimpeuse va se battre pour avancer,
patiemment, dans cette face ouest tant convoitée. Les moments d'épuisement
succéderont aux sursauts de courage pour surmonter les passages les
plus délicats : A1, A2, 6a, dièdres, pendules, fissures. Et
c'est à 11 heures du soir que s'achève, au sommet des Drus,
cette superbe aventure qui fera dire de Catherine Destivelle qu'elle est
une "alpiniste à l'évidence merveilleuse, digne des
plus grands".
"Cette voie aux Drus n'est pas logique, j'ai forcé les passages",
dira-t-elle plus tard.
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