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1991 - du 25 juin au 4 juillet : Premiere de la voie "Destivelle" face Ouest
Catherine destivelle


Avec les années 90 et gâce aux améliorations du matériel, notamment, Catherine Destivelle va se hisser, en ce qui concerne les exploits dans les Drus, au même niveau que ses homologues masculins.

En effet, c'est au cours de l'été 1990 que cette spécialiste de l'escalade extrême réussit, en un temps record de 4 heures 20, l'ascension en solitaire de l'une des voies les plus prisées des Drus : le pilier Bonatti.

Bien sûr, cette prouesse sportive - extraordinaire en soi - ne peut en aucun cas être comparée à l'exploit réalisé par Bonatti lui-même, plus de trente ans auparavant.

Aussi Catherine décide-t-elle de revenir dans les Drus l'année suivante. Son projet : ouvrir une nouvelle voie dans la face ouest, selon un itinéraire qu'elle a deviné, depuis la vallée, au télescope.

"J'étais sûre de pouvoir le faire parce que je n'avais aucune peur ! Je ne vois pas ce qui aurait pu m'arriver. Au pire, j'aurais buté..."

les Drus

Le 25 juin 1991, elle est au pied de la voie avec tout son matériel : environ 80 kilos de cordes, pitons, treuil, nourriture pour 10 jours, coinceurs, tamponnoir, réchaud, vêtements... Ses amis repartis, la voilà seule face à la montagne. Ce premier jour, elle ouvre une centaine de mètres, utilisant un système d'auto-assurance mis au point par les Américains : le "soloist", un appareil que l'on fixe au relais et qui laisse la corde se dévider régulièrement, ne se bloquant qu'en cas de chute.

L'ascension se poursuit, jour après jour, et si Catherine Destivelle utilise les techniques propres à l'ascension des grands murs américains, elle n'en subit pas moins les rigueurs des Alpes : le froid, l'altitude, la dureté de la roche constituent une épreuve supplémentaire et viennent affaiblir l'organisme. Ses doigts, notamment, souffrent de tous ces traumatismes.

Pendant 11 jours, les difficultés vont succéder aux difficultés : escalade artificielle soutenue et physique, bivouacs suspendus, orages, chutes - heureusement sans gravité - , matériel brisé... Des heures et des heures durant, la grimpeuse va se battre pour avancer, patiemment, dans cette face ouest tant convoitée. Les moments d'épuisement succéderont aux sursauts de courage pour surmonter les passages les plus délicats : A1, A2, 6a, dièdres, pendules, fissures. Et c'est à 11 heures du soir que s'achève, au sommet des Drus, cette superbe aventure qui fera dire de Catherine Destivelle qu'elle est une "alpiniste à l'évidence merveilleuse, digne des plus grands".

"Cette voie aux Drus n'est pas logique, j'ai forcé les passages", dira-t-elle plus tard.