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1979 - 15 et 16 juillet ---------- Première de la voie "C'est arrivé demain"
Patrick Bérault - Claude et Yves Rémy


A chaque époque ses modes ! Plus que jamais, les alpinistes apparaissent comme de véritables athlètes. Leur connaissance du milieu extrême qu'est la haute montagne leur est sans doute toujours nécessaire, mais ils ont autant besoin de corps "affûtés" s'ils veulent avoir une chance d'ouvrir de nouvelles voies. Les entraînements - sur bloc ou en falaise - ont changé d'allure. On ne recherche plus systématiquement les tracés se déroulant sur plusieurs longueurs. Une seule suffit... parfois même toute petite, pourvu qu'elle soit très technique, comportant une suite de mouvements athlétiques que le corps, les muscles apprendront à enchaîner, à mécaniser de façon à pouvoir les reproduire s'ils se rencontrent en haute montagne. C'est la condition sine qua non pour arriver à bout de nouveaux itinéraires, toujours plus audacieux, toujours plus "sportifs", toujours plus acrobatiques.

C'est de la Pierre à Orthaz que le projet d'ouvrir une voie dans la face nord des Drus est lancé entre les frères Rémy et Patrick Bérault. "Patrick prévoit deux jours de nourriture. Il faut s'alléger au maximum, c'est son principe !"

les Drus
les Drus

Pourtant, ils sont bien dans la face nord : "Un dièdre oblige à un pas acrobatique, puis un surplomb enrobé de glace nécessite de gros bras. C'est une large fissure déversante formant un verrou qui réserve d'audacieux mouvements". Ils appliquent la méthode américaine qui a déjà fait ses preuves : le premier grimpe sans sac, afin de garder sa légèreté, et les deux autres membres de la cordée, chargés du matériel, s'aident des jumars pour les longueurs très difficiles. Ils auront, eux-aussi, leur comptant de glace et de neige, de rocher froid et humide, de relais inconfortable sur une vire étroite... "Au-dessus de nous, une zone entièrement surplombante laisse encore prévoir un rude morceau. Patrick s'élève en libre à l'aide d'écailles, puis grâce à des prises insoupçonnées, ce qui l'oblige à effectuer des mouvements du genre de ceux de la Piarre à Orthaz. (...) Progression en grand écart en chaussures souples avec, dans une main experte, le piolet-ancre qu'il plante dans la glace. (...) Il applique ici les pratiques de l'école d'escalade, mais sans aucun point d'assurage !"