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1975 - du 27 au 30 octobre ---------- Première du Col du Dru
Emmanuel Schmutz et Claude Tuccinardi


"Le versant nord vient d'être enfin gravi. C'était un magnigfique problème, le plus alpin au sens classique du terme qui restait à résoudre dans la chaîne du Mont-Blanc"; : voilà comment est annoncé, dans la presse spécialisée de l'époque, l'exploit d'Emmanuel Schmutz et de Claude Tuccinardi.

Il faut dire qu'ils ne sont pas les premiers à vouloir se confronter à ce problème, l'un des derniers grands itinéraires de col non encore gravis !

Aujourd'hui membre de la Compagnie des Guides, Emmanuel Schmutz travaille alors au P.G.H.M. Lui et son compagnon - lequel trouvera la mort au cours d'une descente en rappel dans la face ouest de cette même montagne quelques mois plus tard - se mettent en route le dimanche matin du Montenvers. Première étape : le Rognon du Dru où ils passent leur première nuit.

Le lendemain, il leur faudra de nombreuses heures pour atteindre le pied du couloir, tant est épaisse la couche de neige fraîche dans laquelle ils sont obligés de faire la trace. Ils franchissent la rimaye, très ouverte, puis, équipés de crampons avec pointes avant et de deux piolets chacun, ils gravissent la pente de glace vive qui suit avant d'installer leur premier bivouac, pour le moins inconfortable : sur étriers accrochés à des broches à glace !

les Drus
les Drus

Au matin, ils démarrent pour une partie mixte très délicate. Les rochers sont recouverts de glace et les fissures qu'ils comptent emprunter pour pitonner, sont pourries. Dans cet itinéraire de grande envergure, ils utilisent la méthode américaine : pour être plus léger et donc plus performant, le premier grimpe sans sac tandis que le second, qui monte en s'aidant aux jumards, porte le matériel et hisse le deuxième sac suspendu au-dessous de lui. La journée entière leur sera nécessaire pour s'élever de 100 mètres seulement et leur troisième nuit dans la paroi ne sera guère plus confortable que la première.

Après un passage en rocher très difficile qui exige l'escalade artificielle, les deux alpinistes se voient contraints à un troisième bivouac, à une soixantaine de mètres sous le col.

Classée comme extrêmement difficile (ED), cette voie est également jugée sévère et engagée. "Quand on y est engagé, il n'y a d'issue que par le haut";.